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Le journal d'un excessif
5 avril 2009

Freevolt au Trabendo le samedi 4 avril

2009_04_Freevolt_019Vous ne connaissez sans doute pas Freevolt, puisqu'il s'agit là de l'un de ces groupes, qui comme des milliers d'autres (j'exagère peut-être, on est en France, pas en Angleterre, il n'y en a après tout sans doute que des centaines...), galère pour atteindre la reconnaissance, ou, tout simplement, pratique la musique en amateurs, pour le plaisir. La différence - pour nous -, c'est que le chanteur de Freevolt, c'est Fred, le mari de Cécile, un presque voisin de Rueil, un ami. Normal donc d'être là au Trabendo ce samedi soir pour le soutenir lors de la demi-finale d'une compétition (Fallenfest ?) qui peut donner à son groupe l'opportunité de jouer devant un jury de professionnels à la Cigale, puis peut-être devant un public plus que conséquent à la Fête de l'Huma. Il me faut maintenant expliquer le fonctionnement de cette compétition - que j'ai découvert, passablement ahuri... : chaque groupe - il y en a 8 qui jouent ce soir - a droit à 30 minutes y compris la mise en place, et le(s) meilleur(s) sera(ont) choisi(s) par le public : passablement stupide au final puisque clairement, chacun des groupes a amené avec lui ce soir "son" public (famille, voisins, amis - beaucoup d'enfants donc dans la salle du Trabendo ce soir, donc...) qui voteront automatiquement pour lui. Ceux qui gagneront seront donc, non pas les meilleurs, mais ceux qui auront rameuté la plus grosse bande ! Il y a déjà des rumeurs sinistres qui circulent, comme quoi le dernier groupe aurait organisé une arrivée massive en autocar depuis Sedan ! La vie quotidienne du "French rock'n'roll", quoi !

Nous arrivons quelques minutes avant que Freevolt monte sur scène à 20 h 30, vu l'embouteillage 2009_04_Freevolt_003gigantesque qui paralyse la Porte de la Chapelle et le parking complet du Zénith (merci les travaux qui ont réduit à néant le parking extérieur !), mais ça n'a pas l'air trop grave, le groupe précédent terminant son set sur un morceau punky apparemment à la gloire des cacahouètes ! Je me pince pour voir si je rêve. J'essaye de voir comment je vais parvenir à me glisser au premier rang, squatté par les copains de lycée de nos géniaux musiciens et leurs mamans (excusez-moi, mais le nom de ce groupe promis sans nul doute à un brillant avenir à la télévision sarkozyenne m'échappe...), quand d'un coup, le set fini, tout le monde disparaît pour aller glisser ses 5 petites boules jaunes remises à l'accueil dans le tube de vote prévu à cet effet ! La voie est libre, nous voilà donc à notre place habituelle, devant.

Freevolt commencent à jouer 20 h 35, le son est bon, on entend bien la voix de Fred (souvent un problème, la voix, au Trabendo quand on est au premier rang !) et le son clair de sa basse. Freevolt, pour vous expliquer, c'est un trio, ce qui est quand même la formule idéale du rock, non ? A gauche, un guitariste - un peu confus dans ses riffs, à mon avis - avec une superbe Rickenbaker, un look brutal et une voix adéquate pour brailler sur des chœurs virils. Dans le fond, un batteur pas manche du tout qui porte littéralement la 2009_04_Freevolt_002maison. A droite, il y a donc Fred, à peine remis d'une semaine d'hôpital (les cinq kilos perdus, d'après Cécile, contribuent au look rock'n'roll lorsqu'on a dépassé un certain âge - ça, c'est moi qui ajoute, pas Cécile), l'iroquoise bien dressée, et il est très classe ma foi, juste clairement un peu crispé par le challenge. Le premier morceau ne m'enthousiasme pas, la voix de Fred est un peu à limite, il n'y a pas trop d'énergie qui se dégage d'une chanson un peu compliquée. Et puis, à partir du second morceau, Freevolt se met en place, et on peut prendre du plaisir à leur musique, qui a l'immense avantage de ne pas évoquer immédiatement des références trop évidentes : il s'agit d'une musique adulte, très rock, pas trop classique, ni complexe ni simpliste, avec des textes en anglais qui me paraissent un peu décalés (Dead Fish) et qui sont portés par la voix de Fred, plus à l'aise lorsqu'il n'a pas trop à la forcer. D'un coup, en le regardant - après que Patricia m'ait fait remarqué qu'il n'y a pas beaucoup de groupes où ce soit le bassiste qui chante - excusez Pat, elle n'est pas toujours très cultivée ! - je me dis qu'il a un petit look Sting pas inintéressant. Ça commence à chauffer un peu sur l'avant-dernier morceau, ... Thanx, et on attend avec intérêt le dernier titre, le meilleur d'après Cécile, qui doit couronner le set quand... c'est fini : l'animateur de la soirée, une sorte de crétin ridicule comme on peut s'y attendre dans ce genre de soirées - fait signe qu'il faut arrêter, que le temps imparti est dépassé ! Rage ! Coïtus Interruptus !

On se précipite pour voter, et on voit que ça va être serré pour Freevolt, les amateurs de cacahouètes ayant2009_04_Freevolt_008 passablement bien rempli leur tube de boules jaunes. Pendant que les filles discutent, je décide de retourner devant la scène pour assister au set suivant, celui d'un groupe nommé Raoul et l'Enfer, ou un truc comme ça (j'aime bien le nom de Raoul, moi, ceux qui me connaissent le savent bien !). Mais, horreur, le truc (peut-on appeler ça du rock ?) que les gugusses sur scène jouent me fait fuir à toutes jambes : laid et insupportable, bête et hideux... j'ai l'affreuse impression de me retrouver en 1970, à la naissance de ce que l'on osait pas appeler à l'époque "le Rock Français". Est-il possible qu'on en soit encore là, à ces glapissements de chanteur de variétés posés sur des riffs crapoteux, après toutes ces années ? Si c'est ça le futur de la musique en France, il vaut mieux émigrer ! D'un coup, je me rends compte que, même si j'ai été un peu dur avec Freevolt, j'ai au moins assisté à un set décent, élégant, digne de bien des premières parties que j'ai pu voir ces dernières années... Allez, Fred, bonne chance !

A l'heure où j'écris ces lignes, je ne sais pas si Freevolt a été sélectionné pour la finale à la Cigale, ce qui me permet de conclure ces quelques lignes sur un cliffhanger de bon aloi, non ?

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